«Le soin des choses» est de prime abord un recueil d'oeuvres de Stéphanie Béliveau composées d'objets trouvés sur le bord du fleuve par un geste semblable au nettoyage saisonnier des berges, et dans un sens le soin s'avère ici offert au fleuve et à sa laisse. Mais ce soin peut être davantage compris comme une façon d'habiter le contemporain ainsi que le souhaitait Heidegger de l'habitation du monde en poète, car c'est précisément dans la main et le regard qui cueillent les trouvailles du fleuve que leur valeur se fonde, et que se créent des objets d'exception en vue d'un cabinet de curiosités. L'intérêt de ce dernier n'est cependant pas issu de la rareté de ses composantes, ni vraiment d'une part méconnue du monde extérieur que celles-ci nous feraient découvrir comme ce pouvait être le cas à la Renaissance, mais du reflet brisé qu'elles offrent de notre présence au monde et qui nous permet d'aborder notre propre humanité comme inquiétante familiarité par ses artefacts transformés.