Il sort de sa poche le téléphone cellulaire éteint depuis son arrivée. Il le palpe. L'allume. Il n'a plus à téléphoner au bureau. C'est terminé, le bureau. Il retire ce numéro de la mémoire, ajoute celui de l'auberge. Il attend. Il regarde un oiseau qui vole au-dessus du fleuve, qui s'immobilise, puis se laisse tomber en chute libre jusqu'à fendre la surface de l'eau pour pêcher sa proie. Il se sent lui-même dans une sorte d'immobilité. À se laisser chuter, que peut-il advenir?%br%La nouvelle que pratique Sylvie Massicotte dans ce quatrième recueil répond à une esthétique de la faille. Ses personnages avancent avec la peur de rater leur vie, en s'observant les uns les autres sans ménagement. Seuls dans la déroute, ils sont à la recherche d'un peu de tendresse; mais dans ce monde prismatique, accordé au diapason de leur regard, le temps file.Déjà auteure de textes de chansons, d'un récit, de romans pour la jeunesse et des recueils de nouvelles L'oeil de verre, Voyages et autres déplacements et Le cri des coquillages, Sylvie Massicotte multiplie les points de vue, n'hésite pas à s'approcher de ces êtres à la fois égarés et libres, à en tracer d'éloquents portraits, en gros plan.