Dans le paysage actuel de la critique au Québec, Robert
Lévesque brille à la fois par la clarté de ses positions, par la hauteur
de ses exigences, par l'ampleur et la diversité de ses références culturelles
et par la vivacité et la couleur de sa prose. En un mot, par ces
deux qualités qu'il revendique comme les attributs essentiels de
toute critique qui se respecte : une liberté absolue, une profonde
solitude. À ces deux qualités, c'est-à-dire à cette indépendance
farouche et à ce courage qui n'admet
aucune compromission, nous sommes de
moins en moins habitués dans le milieu
mou et complaisant qui est le nôtre, si
bien que l'art critique de Lévesque, fondé
sur la franchise et la singularité, a
quelque chose qui tient, comme il le dit
lui-même, de la résistance.Les textes rassemblés ici ont été écrits au cours des deux dernières
années. Leur matière est diverse : portraits, lectures, souvenirs, inspirés
du Québec comme d'ailleurs, de la vie qui passe comme de
celle qui a passé, de la réalité comme de la fiction, de la colère
comme de la tendresse. Mais leur ton et l'esprit qui les anime sont
partout les mêmes. C'est le ton et l'esprit d'un homme nourri de
culture, curieux du monde qui l'entoure et attentif à ses surprises, ce
qui le rend d'autant plus sévère à l'égard de toutes les formes de
médiocrité et de grégarisme. Un homme qui ne se sent nulle solidarité
avec la «tribu», nulle responsabilité à l'égard de qui que ce soit,
sauf lui-même et le seul ami qu'il se connaisse : le lecteur de bonne foi.