Ninon Labrie est née en 1936 au sein de la petite communauté montagnaise de Pessamit, près de la ville de Baie-Comeau qui n’existait pas encore. Environ une dizaine d’années plus tard, à plus de 5 000 kilomètres, Gérard Pourcel naît en 1948, à Ville-Hervé, dans un minuscule hameau de trois ou quatre foyers relié uniquement par un chemin de terre tracé à travers champs au village de Brusvily, en Bretagne. Tous les deux appartiennent à la terre. Tous les deux la quitteront. Orpheline de mère, Ninon sera adoptée par une famille québécoise aisée. Gérard s’extraira de la glaise bretonne pour effectuer des études universitaires et émigrer au Québec en 1977. Ninon aussi fera des études pour devenir infirmière. Un beau jour de juillet 2011, Ninon a emménagé dans l’appartement au-dessus de la maison de Gérard, en face du fleuve que l’on appelle mer. À l’occasion d’apéritifs pris dans le jardin fleuri et de repas concoctés par Gérard, l’amitié s’est développée. Les confidences ont coulé de source. L’un et l’autre avaient été déracinés. Ils avaient voyagé dans les mêmes pays à diverses époques. La vie les avait marqués à des titres différents. Ninon avait la foi, une foi profonde. Gérard était athée depuis l’âge de 13 ans, voire anticlérical. Mais, ils ont su instaurer un véritable respect mutuel. De là a émergé l’idée d’écrire la biographie de Ninon, une voix différente de celles souvent douloureuses des gens de sa nation. Ninon est souriante. Au travers d’un parcours atypique, jour après jour, elle a su construire son bonheur et celui des autres. Gérard Pourcel est l’auteur de deux recueils de nouvelles et de plusieurs autres nouvelles, ainsi que de nombreux haïkus s’insérant dans des ouvrages collectifs.