Fruit d'un séjour de deux ans en Chine, Le manège a lieu convoque le voyage et l'étrangeté au premier plan d'une parole qui appréhende la vie par ses mouvements, ses barrières et ses saccades. On est dépaysé dans son propre corps, comme si partir loin éclairait tout de l'intérieur : « ce qu'il y a de magnétique / dans ce corps comme dans tous les corps / cherche / à s'écraser à devenir une autre forme. » D'une maîtrise et d'un ton remarquables, ce deuxième opus de la poète nous confirme que nous avons bel et bien affaire à une oeuvre au long souffle. Le manège a lieu, sans l'ombre d'un doute ; une voix s'incarne et les poèmes atteignent leur cible par tous les détours nécessaires.