Les enfants se retirent dans leur chambre pour jouer aux policiers, aux ambulanciers, aux croque-morts et aux fossoyeurs, car rien ne les intéresse autant que ces métiers qui côtoient la mort sans se laisser emporter par elle. Ils extrapolent, inventent une vie à cet homme dont ils ne savent rien si ce n'est que le fleuve fut son dernier lit.Un noyé dérivant au gré des marées: le tableau pourrait être morbide si une petite troupe d'enfants ne s'empressait de recréer une existence à l'inconnu. De même ce qui s'annonçait comme un désastre écologique fournit-il à une communauté de moines étouffant sous le silence l'occasion de renouer avec le monde. Qu'elle prenne les traits d'une petite soeur ou ceux d'un amour avorté, la mort est intrinsèquement liée à la condition humaine; aussi convient-il de l'apprivoiser, comme le suggère un vieux sculpteur à Lucas l'orphelin.Dans une prose qui conjugue le réalisme et le fabuleux, où maisons, arbres et enfants sont pareillement animés, France Ducasse convie la mort à une joyeuse célébration de la vie.