À 54 ans, j1ai décidé d'aller aux risques de moi, de cette fragilité sournoise et insidieuse qu'est l'Alzheimer. Je souhaite laisser une empreinte sur le passage du temps; celui qui reste à ma mémoire encore vive. Assis à ma table en bois, construite de pins noueux, je regarde par le carreau de la fenêtre le golfe du St-Laurent qui ouvre ses bras de mer. Mon regard est hypnotisé par ce phare tout blanc, tel un géant au toit rouge. Il guide, de jour comme de nuit, depuis la pointe de l'île, les capitaines de bateau et les préserve des dangers des récifs, tels des écueils qui nourrissent les rivages et les goélettes échouées, prisonnières du temps qui passe. J'éprouve un besoin impératif de solitude, de beauté, de silences qui me parleront de moi. Mais je réalise à quel point l'écriture de mon récit me révèle la véritable nature des êtres que j'aime. Sans oublier ceux rencontrés au hasard de ma route, des bouleversements associés à leur vie, un peu à la mienne aussi. Mais le mystère inexpliqué lié à ma présence sur l'île aux Bernaches, a changé ma vie à jamais.... Dans ce roman profond et riche, l'auteur, Christian Bilodeau, tente de percer l'opacité de la mémoire qui est notre seul lien avec la réalité de nos vies.